DE HENRI III. [i 588]                         35(^
siens pour le presser de venir à leur secours. A sa venue, on cria dans les rues de Saint-Denis ct de Saint-Honoré : vive le duc de Guyse ! vive le pilier de V E glise! Même une demoiselle qui étoit sur une boutique, baissant son masque, lui dit tout haut : « Bon prince, puisque tu « es icy, nous sommes tous sauvés. » Cette venue étant annoncée au Roy, qui étoit en son cabinet avec Alphonse Corse, il lui dit : « Voilà M. de Guyse qui vient d'ar-« river contre ma deffense; si vous étiez en ma place, « que feriez-vous ? — Sire, répondit Alphonse, il n'y « a qu'un mot en cela. Tenez - vous le duc de Guyse « pour amy ou pour ennemy ? » Surquoy le Roy, sans parler, tit un geste qui faisoit bien connoître ce qu'il pensoit. « Sire, dit Alphonse, il me semble que je vois « à peu près le jugement qu'en fait Votre Majesté. Cela « étant, s'il vous plaist de m'honorer de cette charge, « sans vous en donner autrement en peine, j'apporterai cc aujourd'hui à vos pieds la teste du duc de Guyse, ou cc je vous le rendrai en lieu il vous plaira, sans cc qu'aucun bouge, sinon à sa ruine. » A quoy le Roy ré­pondit qu'il espéroit de donner ordre à tout par autre moyen.
Le jeudy 12 may, le Rqy fit placer des soldats dans plusieurs endroits de Paris. Son intention étoit de se saisir de quelques bourgeois des plus apparents de la Ligue, et de quelques partisans du duc de Guyse, et de les faire mourir par la main du bourreau, pour ser­vir d'exemple aux autres. Le peuple voyant toutes ces forces disposées par les ruës, commença à s'émouvoir ; et se firent les barricades, cn la maniere que tous sça­vent. Plusieurs Suisses furent tués, qui furent enterrés en une fosse faite au parvis de Notre-Dame. Le duc de
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